Sunday, February 11, 2007

The Arrogance of Hérouxville

Published by the principal instigator of L.T. Smash on Cyberpresse, 6 february 07

Orgueil mal placé

Pourquoi présenter un code de conduite que tout le monde dans le village respecte déjà? Pourquoi élaborer un code qui déclare que les crimes ne sont pas tolérés? Il y avait un doute? Le conseil municipal de Hérouxville a déposé son manifeste politique contre les cultures étrangères afin de lutter contre un phénomène qui leur fait peur. Le manifeste déclare l’égalité homme-femme, entérine des coutumes locales, et interdit des crimes de violence religieuse. Le manifeste, guère destiné aux immigrants du village (il n’y en a pas), non plus destiné aux villageois (qui respectent déjà ces règles), est destiné aux décideurs politiques et aux administrateur dans les institutions montréalaises. Voilà l’orgueil mal placé du conseil.

Vu de loin, les changements, adaptations et accommodements faits entre certains groupes et au sein de certaines institutions au Canada peuvent sembler un phénomène menaçant la pureté culturelle. Ce n’est pas juste le Québec qui vit cette réalité. Des petits villages en Amérique du Nord vivent aussi la même réalité homogène. La peur de l'inconnu survient lorsque nos valeurs semblent incompatibles et irréconciliables. Or, cette peur naît d’une réaction viscérale, et non pas de considérations réfléchies.Il y a un fort risque de perdre le contexte, la subtilité et le sens de chacun des cas où différents groupes doivent s’adapter pour partager l’espace public. Il ne faut pas voir une menace à la culture québécoise dans une université ou un hôpital.

Et si on s'entendait...

Si un juif orthodoxe ne sent pas à l’aise (ou n’accepte pas, ce qui revient au même) de se faire traiter par une femme médecin, il doit tolérer son malaise et son inconfort, selon le conseil municipal de Hérouxville. Sinon, il accepte le traitement de la part de n'importe qui. Ceci simplifie à l’outrance la question. En fait, aucune femme médecin ne voudra traiter un patient qui ne consent pas volontairement au traitement. Donc la solution de Hérouxville est une des suivantes : 1) l’homme ne se fait pas traiter; 2) l’homme se fait traiter, mais en tolérant son malaise et celui qu'il engendre chez la femme médecin; ou 3) l’homme renonce à sa religion et ses valeurs culturelles. Aucune de ses options ne me semblent satisfaisantes. Il me semble plus logique d’arriver à une entente qui va satisfaire le patient. Mais si on y arrive, ce n’est guère une renonciation à nos valeurs d’égalité homme-femme. Ce n’est qu’un compromis entre trois de nos valeurs : soit le droit à l’accès aux soins de santé, l’autonomie et liberté de croyance de l’individu, et l’égalité homme-femme.

Réduire ce dernier cas à une question d’accommodement raisonnable est dangereux. En fait, la vaste majorité des hôpitaux au Québec n’auront presque jamais à vivre cette réalité. En raison des tendances des immigrants à se regrouper dans des centres cosmopolites et l’attitude cloisonnée et réactionnaire de certains au Québec, l’accommodement entre culture québécoise et culture de nos minorités religieuses ne touche pas la majorité au quotidien (sauf par l’entremise des émissions radios !). Les compromis que font certaines institutions à Montréal, ce n’est tout simplement pas l’affaire du conseil municipal de Hérouxville. Que le conseil énonce ses principes est bien. Que le conseil de Hérouxville manifeste son désaccord par rapport aux affaires du métropole, on s’en fout carrément.

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